Civicus : un exemple classique de personnes de la classe moyenne du premier
rang qui n’ont aucun rapport avec M. et Mme Tout-le-monde et ne savent
rien sur les problèmes réels, qui prétendent résoudre
des problèmes mais qui ne font que les perpétuer. Voilà
ce que fait Civicus en créant un environnement exclusif, inéquitable,
injuste et condescendant.
Premièrement, ce congrès est systématiquement exclusif
: les frais de participation sont élevés et le congrès
est, par conséquent, élitiste (deux semaines de paie pour couvrir
mes frais); il faut également prendre congé pendant quatre jours
ouvrables (ce que la plupart des gens ne peuvent faire); et la diffusion était
sélective (on a activement sollicité la participation de la Chevron
Corporation mais on a omis les centres communautaires, les réserves,
etc.).
Deuxièmement, la notion de la société civile compte parmi
trois sphères de pouvoir, à savoir : le gouvernement, le marché
et la société civile. Le pouvoir varie entre chacune de ces sphères.
À l’heure actuelle, le pouvoir glisse du gouvernement vers le marché
et simultanément, le pouvoir de la société civile et de
la population se rétrécit. Ce sont les sociétés,
faisant partie du marché, qui ont le plus à gagner de ce glissement
du pouvoir. Réciproquement, comme on l’a prouvé à
maintes reprises, la société civile ne tirera aucun avantage de
ce glissement parce que son pouvoir est réduit directement et que le
pouvoir du gouvernement diminue également. Le gouvernement est l’organisme
qui fait respecter les droits de la personne, les droits constitutionnels et
les règlements de sécurité de la société
civile. Ces deux sphères de la société n’ayant aucun
pouvoir, la majorité de la population tombera aux mains du marché
qui, pire encore, travaille immanquablement contre les meilleurs intérêts
de la majorité du peuple. Les membres de la société qui
en seront le plus touchés sont les personnes qui sont actuellement exclues
à la fois du congrès et du processus décisionnel.
Ce que l’on a donc mis sur pied, c’est un forum décisionnel
qui exclut de manière systématique, condescendante et exploiteuse
les personnes que le congrès tente d’aider alors même qu’il
inclut le secteur des entreprises du marché, celui qui tirera le plus
profit du congrès. Cette configuration intensifie les causes sociales
actuelles de la pauvreté, de l’inégalité et de l’injustice
et elle continuera à le faire. De plus, je trouve injurieux que l’on
ait choisi Chevron Corporation pour prendre la parole à titre de société
éthique étant donné qu’il s’agit d’un criminel
international coupable, entre autres, d’avoir violé les droits de
la personne et détruit l’environnement. Dans le marché, les
grandes sociétés ont déjà voix au chapitre. Elles
ont également un pied dans la porte du pouvoir au gouvernement ainsi
qu’un contrôle important de la société civile. Nous
ne devrions pas leur permettre d’obtenir une autre position hautement stratégique
relativement à notre troisième et dernière sphère
de pouvoir, à savoir la société civile.
Afin que les discussions et les décisions de Civicus soient le reflet
de la population entière, il faudrait inclure tous les segments de la
population, notamment les pauvres, les marginaux, les Autochtones et les membres
des Premières nations ainsi que les travailleurs. Ce n’est qu’à
ce moment que Civicus pourra commencer à discuter de ce que la société
civile devrait être. Pour l’instant, Civicus ne représente
qu’une autre façade pour le mouvement néo-libéral,
qui isolera encore plus les riches et les élites au pouvoir de la majorité
de la population. Je trouve, par conséquent, que les actes de Civicus
sont injurieux et honteux.
Damien McCombs
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