Earth+5 / Terre+5

Traiter du sujet des déficiences à l'ONU

Par Denise Campbell

Imagine ceci. Une jeune journaliste se fraye un chemin dans les couloirs bondés du bâtiment des Nations Unies tout en cherchant des personnes pour une entrevue. Elle aperçoit une femme qu'elle a déjà vu.

"Pardonnez-moi", dit elle, "Je peux vous demander une question ? Avez-vous déjà profité des progrès faits par les personnes ayant des déficiences?" La femme, avec un air de surprise s'arrête, puis dit : "Qu'est-ce que vous voulez dire?"

Ce à quoi je pensais était, comment nous, les personnes sans déficience, avaient profité des changements apportés pour les personnes ayant des défiences. Après l'entrevue avec Catherine Bolt, membre de la délégation officielle du Canada au Sommet de la Terre +5, et une femme ayant une déficience, je commence à comprendre que ceci est un problème.

Je suppose que je n'aurais pas dû être surprise de fait que plusieurs des personnes que j'ai interviewées n'avaient pas pris en considération la question car, moi non plus je n'y avais pas pensé avant de rencontrer Catherine.

Plus tôt ce matin, je me suis faite l'avocat du diable et j'ai demandé à Catherine quelle était sa réaction lorsque les personnes mentionnaient que l'ONU était surchargée et qu'elle ne pouvait continuer à inclure tout le monde (en voulant dire les personnes ayant de différentes déficiences.) Elle m'a regardé droit dans les yeux et m'a répondu : " Si je fais pression pour faciliter les moyens d'accès pour moi, si je fais des pressions auprès du Haut Commissionnaire pour avoir une rampe pour les fauteuils roulants, c'est bon pour moi ainsi que pour les mères avec des poussettes, pour les livreurs etc."

 

Pense aux différences que les trottoirs dont les bord sont en des pentes ont fait dans notre vie. C'est un changement très simple dont les personnes avec des déficiences ont du se battre pour obtenir et, pourtant, les gens qui font du patins à roues alignées, les cyclistes et même les personnes avec des valises à roues en profitent. Nous en prenons tous avantage sans penser aux personnes qui ont du lutter pour obtenir ce changement.

 

"On ne pense pas à cela tous les jours, ce qui est malheureux. Lorsque tu n'as pas de déficiences, tu prends ta santé pour acquis. C'est quelque chose à quoi je n'avais pas pensé." dit Katie, une jeune photographe pour le Earth Times, un journal international indépendant.

 

Katie n'était la seule qui n'avait pas pensé à ce problème mais les autres y ont répondu très vite. Laura Ivers, qui représente le World Environment Centre dans la ville de New York dit que : " Même en tant que femme et en tant qu'une personne sur la planète, les personnes avec des déficiences m'ont aidé à comprendre leurs concepts et leurs capacités et à comment elles pensent aux besoins des autres personnes... ceci ouvre l'esprit en ce qui concerne l'intégration des personnes dans un procédé, que ce soit dans des négociations comme celle-ci ou dans le milieu du travail ou dans la société en général."

 

Debra Senior, du Youth Action Network du Canada, mentionne aussi comment le travail en faveur des personnes avec des déficiences l'a aidé à devenir plus tolérante envers la différence et la diversité. "Mon premier réflexe est de voir ces personnes (avec des déficiences) comme séparées de moi et, si elles ont fait des progrès pour s'intégrer dans la société, là j'ai tendance à ne pas les voir comme séparées de moi-même et ne faisant pas partie de ma vie quotidienne." Cinq ou dix ans passés, Debra n'aurait pas trop bien compris, mais comme elle dit, avec l'intégration des rampes et des autres nécéssités, elle ne croit plus qu'elles "ont besoin de leur propre système parce qu'elles sont différentes."

 

Il y a cependant un autre côté qui rend ce reportage si important. Les personnes ayant une déficience ont atteint des gains nécessaires pour avoir une qualité de vie. Ces mêmes gains veulent aussi dire des bénéfices extra pour plusieurs d'entre nous n'ayant aucune déficience. Pourtant, selon Catherine Boldt, le système de l'ONU réduit sa responsabilité et son engagement envers les questions d'accessibilité.

 

"Cinq ans passés, il y avait plus d'activités dans la communauté des personnes handicapées en fait d'environnement... maintenant l'ONU n'a qu'une personne ayant une déficience qui agit en tant que portfolio et c'en est un mineur dans la branche de la politique sociale", explique-t-elle. "Le Brésil, (au premier sommet) avait 40 personnes ayant une déficience sur leur délégation. Ici, c'est moi."

 

Puisque Boldt a aidé à organiser une délégation au Sommet de la Terre de Rio en 1992, elle peut mesurer le progrès réel des Nations Unies pendant les cinq dernières années. Elle ajoute que les personnes qui sont dans le système de l'ONU de façon permanente dirait aussi que les Nations Unies ne se donne pas le mandat de se faire complètement accessible pour les fauteuils roulants. Les barres dans la salle de bain sur lesquelles plusieurs personnes dépendent sont souvent absentes. "Si l'opérateur de l'ascenseur n'est pas là, on ne peut souvent pas se rendre à l'autre étage." explique Catherine.

 

L'échec de l'ONU de respecter les déclarations et les documents, comme le Platform for People with disabilities ne se termine pas qu'avec les handicaps physiques. On n'a qu'a passer une journée à une conférence de l'ONU pour s'apercevoir de la quantité énorme de papier qui est produite, dispersée et reproduite.

 

Le problème ici n'est pas seulement que l'hyprocrisie que la sur-production de papier cause à une conférence sur l'environnement, mais ça limite aussi l'accès aux documents imprimés aux personnes ayant une déficience visuelle, aux analphabètes et aux personnes dont la langue maternelle n'est pas l'anglais. Oui, l'ONU fonctionne dans 6 langues mais souvent la plupart des documents sont en anglais.

De simples petites choses comme faire des copies audio des documents, suggère Boldt, améliorerait l'accessibilité aux documents pour une variété de personnes et serait peu dispendieuses. "C'est vraiment facile pour les bénévoles d'y prendre part parce que c'est limité. L'ONU peut délégué cette tâche. Ça coûte de quelque sous à un dollar pour faire des copies. Tu peux alors rejoindre tellement d'autres personnes... même les stations de radio pour y avoir accès."

Les Nations Unies est une organisation basée sur le principe de "nous les personnes" (Si tu as la chance jette un coup d'oeil sur le début de la charte de l'ONU). Malheureusement, le système de l'ONU n'a pas été vraiment fort sur le "nous" dernièrement. Il faut défier le système afin qu'il maintienne les principes sur lesquelles il a été fondé.

En raison de ce manque de respect des principes d'égalité fondateurs, à la fin, c'est l'ONU qui en sortira perdante. "Un raison pourquoi j'ai eu du succès dans l'arène internationale est parce que je n'utilise pas de fauteuil roulant et je n'ai pas une déficience sensorielle," dit Catherine.

Pense à toutes les personnes brillantes ayant une déficience qui pourrait changer le monde mais en sont incapable parce qu'elles n'ont même pas accès à la porte d'entrée.

 

tgmag@tgmag.ca

© 1997 - TG Magazine / The Students Commission
© 1997 le magazine TG / la Commission des étudiants

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