Earth+5 / Terre+5

Les jeunes parlent avec le ministre de l'environnement

Par Denise Campbell

"Alors, quel genre de petits bénéfices avez-vous ?" est une question qu'on nous pose souvent en tant que jeunes journalistes qui font le compte rendu du Sommet de la Terre +5 des Nations Unies. Même si nous avons eu quelques pépins et que nous avons frôlé la frénésie, qui peut se plaindre alors que nous avons la chance de questionner le Premier ministre Jean Chrétien ou encore mieux, de jaser avec la nouvelle ministre de l'Environnement, Christine Stewart!

Beaucoup de journalistes adultes (qui se traduit dans leur tête par lesvrais journalistes) se battaient pour avoir ces chances, et nous, les nouveaux journalistes, les avons eu...

Là, je sais que tu te grattes la tête et tu te demandes "Qu'est-ce qu'ils ont demandé ?" Ne te fatigue pas. Je vais mettre fin à ta curiosité en te donnant les grandes lignes.

Premièrement, assois-toi confortablement et ne pense à rien. Maintenant, imagine une belle salle avec une table carrée en acajou, deux bibliothèques remplies de livres impressionants. Sur un mur il y a une peinture murale d'une ville. Au milieu de toute cette splendeur, neuf jeunes journalistes en habit et en jeans sont assis avec la ministre de l'Environnement du Canada, Christine Stewart.

Tu l'imagines ? (oops, je suppose que tu peux regarder la photo... c'est plus facile, mais pas vraiment créatif).

Bon, maintenant, relaxe et ferme tes yeux...

ATTENDS ! Tu ne pourras pas lire l'article de cette manière... oublie ça alors : assois-toi bien droit et concentre-toi.

Je sais que tu penses, "Va-t-elle en venir à l'article ?" Je m'excuse, je me suis laissée prendre par la poésie de l'introduction. En direct de New York...voiciiiiiii l'interview!

[Ministre Stewart:]

"C'est bien d'avoir la chance d'entendre vos inquiétudes et de bavarder."

[Scott:]

"Nous voulions savoir comment vous alliez faire participer les jeunes pendant votre terme. Planifiez-vous en faire davantage et y a-t-il quelque chose que vous voulez changer ?"

[Ministre Stewart:]

"Comme vous le savez, le ministère de l'Environnement a une Table Ronde pour les jeunes et nous avons au moins un membre de cette Table Ronde qui est membre de la délégation officielle et un coodinateur de notre département qui sont ici. En plus, nous avons de différentes initiatives du portfolio des Ressources Humaines qui donnent aux jeunes de partout au Canada de l'expérience en matière de questions écologiques en travaillant avec des entreprises écologiques ou des endroits de politiques. Je me fais un grand souci lorsqu'il est question de parler avec le plus de jeunes possible dans le pays. Mais je ne peux faire cela toute seule. Je devrai trouver des systèmes et des procédés qui feront que cette communication sera productive car il est évident que nous devons faire avancer l'agenda écologique. Premièrement, pour que cela arrive, nous devons avoir l'appui du public. Je crois que cet appui est là." Elle appui sa déclaration à l'aide d'un sondage canadien qui classe les questions sur l'environnement comme importantes pour les Canadiens."

"Évidemment pour moi et pour plusieurs d'autres, les jeunes représentent une place très importante pour faire avancer l'agenda écologique. L'environnement est votre avenir, je veux m'assurer que vous, vos enfants et vos petits enfaits aient un environnement sain. Je ne veux pas avoir de bulletin avec un F de la part de vos enfants et petits-enfants."

[Megan:]

"Étant donné votre éducation en droit de la personne, il semblerait que vous allez inévitablement apporter un aspect humain à votre poste de ministre. Comment voyez-vous le lien entre les droits de la personne et l'environnement ?"

[Minister Stewart:]

"J'ai toujours cru que pour atteindre le développement durable, il faut que inclure tous les différents secteurs dans la solution. J'ai toujours utilisé l'analogie du banc avec trois pieds. Le développement durable est le siège. Les trois pieds le supportent. S'il te manque un des pieds, ton banc va tomber et tu ne peux plus l'utiliser."

"Un de ces pieds est le gouvernment, laissant entendre une bonne direction. Une bonne direction signifie des droits de la personne, une bonne économie, de bonnes lois, un système démocratique qui permet la participation de la population. Un autre pied du banc est la société civile, qui donne une voix à la société civile dans toute sa représentation. Le troisième pied est le secteur d'affaires ou le secteur économique. Le gouvernement ne fonctionnera pas efficacement sans une bonne économie. Une bonne économie dépend sur un bon environnement. Le développement durable est la combinaison des secteurs économiques, sociales et écologiques. Nous devons écouter tout le monde. Les droits de la personne jouent donc un rôle important dans le développement durable."

"Regarde les particularités d'une entreprise qui fonctionne au Canada ou à l'extérieur du Canada. Une entreprise qui fonctionne à l'étranger, qui ne respecte pas ce qui est considéré comme de bonnes normes de lois, qui ne respecte pas les droits de la personne et les questions écologiques est une entreprise qui ne sera pas sécure dans son travail et dans ses efforts. Les entreprises sont plus au courant des insécurités que comporte travailler dans un climat où la direction n'est pas bonne. Par exemple, on encourage pas beaucoup de compagnies à travailler au Zaïre où il serait possible de perdre des investissements en raison de la dictature ou d'un coup militaire et ainsi de suite. Mais les compagnies réalisent que l'abus des droits de la personne et la dégradation écologique sont des causes d'insécurité et d'agitation sociale."

"En tant que ministre de l'environnement, il y a très peu -je suis en train d'apprendre mon portfolio- mais j'imagine qu'il y a très peu de choses que je peux faire seule. Pour arriver à des résultats, je dois travailler avec tous les différents partenaires et les différents secteurs en tant que ministre de l'environnement. Je vais commencer avec mes collègues à Ottawa. Si le ministre des Ressources Naturelles, le ministre des Finances, le ministre de la Santé etc ne comprennent pas comment l'environnement influence notre sécurité économique au Canada, alors j'irai pas trop loin. Je ne peux travailler avec mes collègues provincials, ni avec mes collègues des industries qui représentent les différents secteurs de notre économie si je ne peux travailler dans une société civile. Je ne vais pas accomplir beaucoup de choses."

 

[Sarah:]

"Je me demandais quelle était la chose la plus suprenante que vous avez appris jusqu'à maintenant ?"

[Ministre Stewart:]

"Je suppose que la chose la plus surprenante que j'ai appris c'est que dès que tu prends en main une nouvelle responsabilité, tu es aussitôt responsable de tout." [Elle rit]

"Je ne le prends pas personnellement, mais dans l'espace d'une semaine après avoir été nommée ministre de l'Environnement, j'ai obtenu un F sur mon bulletin.


Je n'ai jamais eu de F de ma vie et soudainement c'est quelque chose que je dois accepter comme représentante du gouvernement. Je ne crois pas que mon bulletin était juste et il n'était pas une réflexion de notre record mais c'est certainement quelque chose que je dois adresser. Je crois que souvent, ces déclarations reflètent la confiance dans ce que le gouvernement fait ou ce qu'il ne fait pas. Il est donc important de partager l'information avec les Canadiens dans tous les secteurs afin que la notion qui veut que ce ne soit pas le ministre de l'Environnement, ni le département de l'Environnement, ni Environnement Canada, ni le gouvernement du Canada et ses différents départements qui soit responsable de l'environnement mais que ce soit le monde entier qui est reponsable de l'environnement ainsi que le statut dans lequel il existe en plus de ce que nous faisons pour l'améliorer."

[Bindu:]

"Ministre Stewart, cinq ans passés vous étiez à Rio. Pensiez à ce momentvous que vous deviendrez la ministre de l'Environnement ?"

[Ministre Stewart:]

"Non...non!" dit-elle en riant.

[Bindu:]

"Pourriez-vous nous parler de votre rôle à Rio et où est-ce que vous vous voyez d'ici cinq ans ?"

[Ministre Stewart:]

"Elle rit fort. "Ne me le demande pas. Je me demande parfois si je vais me rendre à l'an prochain ou si je vais voir un autre jour. Je n'avais certainement aucune idée à Rio que quelques années après je deviendrais ministre de l'Environnement. Cinq ans passés à Rio, j'étais là en tant que parti de l'opposition, député et le gouvernement avait une grosse délégation officielle qui était à Rio et j'étais une de ces délégation. Neuf ans passés, je n'aurais jamais deviné que j'allais être député et encore moins ministre de l'Environnement. Je suppose que j'ai appris que dans la vie, il ne faut pas essayer de prédire ce qu'il va arriver. Il faut plutôt vivre le moment et faire de son mieux."

[Megan:]

"Nous savons qu'il y a de la controverse entre les États-Unis et d'autres nations au sujet de la Convention forestière. Pourquoi est-ce que le Canada veut la convention et étant donné la controverse, quelle est la chance qu'elle soit acceptée ?"

[Ministre Stewart:]

"Une convention a pour effet de rendre vos pratiques plus obligatoires mais pas nécessairement légalement obligatoires. Je crois que Rio a aider la communauté internationale à concentrer sur l'importance des forêts. Je me souviens qu'à Rio l'opposition principale aux forêts venait des pays comme la Malaisie et cinq ans plus tard, la Malaisie est un de nos partenaires les plus importants qui essaient d'améliorer les pratiques forestières partout au monde."

"Je crois qu'avoir une convention va tous nous aider à s'occuper des forêts au Canada et à faire plus de pressions auprès du Canada pour s'assurer que les pratiques forestières sont les meilleurs qu'elles peuvent être. Mais il faut reconnaître en même temps que les forêts sont une partie de notre économie afin d'être en équilibre. Nous sommes également une nation commerçante et nous voulons en tant que nation commerçante dans les produits forestiers travailler à un niveau de terrain de jeu. Une convention internationale nous aide et nous appuie parce que cela dit à tous les pays du monde, voici les normes et pratiquons les ensemble."

"Certains des pays qui s'opposent aux négociations d'une convention à ce moment disent que nous avons assez d'informations et que nous savons ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, donc il faut aller de l'avant. Il n'y a rien qui va ou qui devrait exclure les meilleures pratiques forestières qui sont assumées maintenant juste parce que on est en train de négocier une convention forestière. Je pense qu'on fait deux choses en même temps."

[Scott:]

"Ministre Stewart, après que tout est terminé ici au Sommet de la Terre II, qu'allez vous faire ?"

[Ministre Stewart:]

"J'espère que je vais avoir du temps pour être mise à jour sur mon portfolio. Jusqu'à maintenant j'y suis allé un peu à tâtons. Je planifie que dans les prochaines semaines et les prochains mois, avant les résumés du parlement, de rencontrer le plus grand nombre de mes partenaires du pays. Je veux voyager pour aller les rencontrer pour expériencer de première main certains de nos problèmes et nos réussites écologiques. Je suis très pragmatique donc je dois me déplacer pour rencontrer les personnes, pour voir ce qu'il se passe, pour entendre les personnes qui sont affectées pas les différentes problèmes de la région."

[Denise:]

"Ministre Stewart, le gouvernement crée souvent des initiatives pour encourager la participation des jeunes mais souvent c'est souvent trop sérieux et à part des réalités des jeunes. Par exemple, beaucoup de jeunes ne pourraient pas participer ici parce que c'est tellement intimidant. Donc, je me demande si vous avez des idées pour créer des programmes un peu moins sérieux où est-ce que les adultes pourraient être plus près des jeunes."

[Ministre Stewart:]

"Je crois qu'un des défis que nous avons aujourd'hui, et ça ne concerne pas que l'environnement, mais tout, c'est que nous vivons dans une révolution en terme de connaissances. Notre gouvernement reconnait que nous ne devons pas seulement s'en faire avec la disparité économique entre les riches et les pauvres dans notre pays et dans le monde. Nous devons s'inquiéter des écarts de connaissances, connaissances riches et connaissances pauvres dans notre société et dans le monde. C'est pourquoi notre gouvernement a mis en place le Community Access Program et le SchoolNet Program. Et je comprends que vous êtes intéressés à vous brancher sur l'internet avec votre information. Nous mettons un grand nombre de ressources dans ce programme, ce qui aide les jeunes ainsi que les professeurs à développer des programmes pour l'internet."

"Il serait intéressant pour moi, et je ne me suis pas arrêter sur ceci en fait d'idée, mais il serait peut-être intéressant de mettre sur l'internet votre propre Sommet Rio +5 à l'intérieur des communités partout sur l'internet. Nous avons un problème avec une rivière qui est polluée ou une communauté qui dépend sur ce genre d'économie et qui n'est pas sensible à l'environnment, comment allons-nous réagir ? Ou peut-être vous voulez travailler sur un document ou vous pouvez essayer de voir si vous pouvez négocier vous-mêmes et si vous pouvez comprendre le procédé de comment une communité en vient à un consensus-- parce que ce n'est pas facile."

[Marc:]

"Ceci est une question amusante."

[Ministre Stewart:]

"Oh mon dieu!"

[Marc:]

"Si vous fermez les yeux et que vous pensez à votre endroit écologique préféré au Canada, où est-ce que ce serait ?"

[Ministre Stewart:]

"C'est facile. C'est tellement facile. C'est ma maison à North Humberland en Ontario. J'ai une petite ferme. Il y une belle étang et une forêt autour. Il y a beaucoup de faunes et l'air est propre et la brise est fraîche."

 

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© 1997 - TG Magazine / The Students Commission
© 1997 le magazine TG / la Commission des étudiants

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